dimanche 1 février 2015

De l'art d'être esclave (suite)

Et dans le fond, cela était un excellent remède contre l'humiliation de mon rendez-vous professionnel. Paradoxalement, je reprenais des forces à être si bien humiliée.

J'avançais donc sur mes escarpins aux talons trop fins. Dans le noir, ma marche se faisait aléatoire, et je serrais fort la main de mon homme. Je savais que j'aurais besoin de ce contact pour ne pas trembler.

Jamais mon besoin de lui n'avait été aussi fort. Il était une partie de moi, en l’occurrence mes yeux. J'étais devenue une extension de lui.

Il m'a attachée les mains dans le dos, avec des menottes, et fait asseoir devant l'homme, sur la table basse. Je savais que cet homme allait détailler mon corps. Et je me demandais s'il allait voir mon sexe épilé sous le voile. Je ne pensais qu'à cela. Comme si je me rattachais à ce dernier symbole de pudeur, pour oublier que j'étais habillée comme une catin.

La voix de l'homme était agréable, il papotait tranquillement avec mon Maitre. Il avait l'air intelligent. J'en savais gré à mon Maitre de me livrer au regard d'un homme bien élevé.

Mes jambes tremblaient un peu. J'essayais de cacher cette émotion. Mon Maitre me caressait doucement la cuisse. Sa main ne me quittait pas, il prenait soin de ne jamais rompre le contact. 

Sa main était tendre et protectrice.  Je savais qu'il appréciait le pouvoir que je lui donnais à ce moment là. Et j'aimais l'idée qu'il soit excité par ce pouvoir.

Il a dit qu'il m'aimait. Jusque-là, il ne l'avait dit que dans un moment d'intimité. Je me suis contentée de sourire. Et j'ai ressenti à mon tour un certain plaisir pervers, qui n'était pas un succédané de celui de mon Maitre. Celui de faire de cet homme inconnu et bien élevé l'instrument de la reconnaissance de ma propre puissance. 

Et en même temps, j'ai ressenti une immense tendresse et une reconnaissance infinie pour cet aveu, dans ce moment où j'étais si vulnérable.

(à suivre)


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