dimanche 9 novembre 2014

L'angoisse du premier rendez-vous...par Mon Atalante


Quand j'ai pris le métro, ma journée se finissait. J'avais passé une partie de mon temps dans les transports, entre mes cours et mes rendez-vous. J'étais lasse, mais curieuse de savoir ce que tu m'avais préparé. Toutefois, quand je suis montée dans le métro, j'ai eu un petit doute quant à la pertinence de venir te voir après une journée si chargée.

En m'asseyant sur un strapontin de la ligne 10, je me suis doucement laisser aller à mes rêveries, la main sur mon portable pour pouvoir réagir immédiatement à tes sms.

J'ai fermé les yeux, posé mon dos contre le dossier. J'ai pensé à toi. A ce que tu m'avais dit sur ta tenue. Tu serais habillé pour l'occasion. Sans plus de détail. J'imaginais que tu me recevrais en harnais de cuir et fouet. Je savais que ta tenue symboliserait la frontière entre le monde tel qu'il est, et ton monde. Celui dans lequel tu m'invitais.

De vagues doutes m'assaillaient. J'allais être dans une position de vulnérabilité, entre les mains d'un inconnu. J'étais dans une situation dangereuse. Paradoxalement, cela me galvanisait. Le danger, la possibilité d'une destruction fantasmée excitait mon imagination. Se livrer, victime et martyr pour le plaisir d'un inconnu : un don bien plus vaste que du sexe.

Personne ne savait où j'allais. J'avais dit à mon compagnon que je me rendais chez une vague connaissance. Mais j'avais pris soin de laisser une adresse, la tienne, sur un post-it, posé nonchalamment sur le bureau... Comme une petite énigme, dont il me plaisait d'imaginer le scénario. D'abord ma disparition. L'inquiétude. L'appel à ma connaissance. Sa réponse négative. La perplexité. La découverte du post-it. L'ignorance du nom de mon ravisseur. L’enquête. Les perquisitions. Et puis ma découverte....

J'étais à la fin de mon cycle, ce qui marque, en général une baisse de mon désir. Le moment où je suis le plus Chatte, c'est la première quinzaine. Une petite femelle en chaleur qui se frotte aux ourlets de son maître, bouleversée d'hormones.

Mais je savais que notre rencontre serait assez fertile en découvertes et étrangetés pour pallier à ce contretemps biologique. Mon désir serait cérébral. J'engrangerai chacun de tes gestes, chacune de tes paroles, comme un film que je me passerai indéfiniment lors de mes séances de caresses intimes.

Je sautais de rame en rame de métro. Est-ce que j'allais vivre l’humiliation de la survenue de mes règles pendant les jeux que tu m'imposerais? J'étais partie sans prévoir de protection, cela me tourmentait. Mais, dans une espèce de délire, je me disais que j'étais capable de contrôler mon corps et qu'il ne se passerait rien.

Dans la nuit, je marchais vite, je m'en voulais d'être en retard. Je m'étais trompée de ligne, ce qui m'avait fait perdre dix minutes. Je voyais cette erreur comme une fuite symbolique. Mais il ne me serait pas venue à l'idée de fuir réellement.

Je savais que tu m'attendais. Je ne voulais pas te décevoir. Je t’inondais de messages, consciente que ce n'était qu'un piètre tour de passe passe.

Après quelques tâtonnements, je reconnaissais enfin ta rue. La félicité. Je tapais ton code et montais les marches. Est-ce que mon cœur battait plus fort ? Je ne sais pas. Je crois que j'étais un peu déconnectée. Je me regardais monter les marches, comme si un regard extérieur m'observait. J'étais à la fois actrice et spectatrice de ce que je faisais. Ma conscience était dissociée.

Je me préparais à faire quelque chose qui n'appartiendrait qu'à nous, que personne ne saurait jamais, quelque chose de fou, intense et absolu.

Tu m'as ouvert la porte, et tu m'as prise dans tes bras.Tu n'étais pas en harnais. Tu avais des bottes, un tee shirt noir et un pantalon moulant. J'ai senti ta chaleur. Ton tee shirt sentait la lessive, une odeur d'enfance. Tu m'as serrée contre toi, j'ai reconnu la forme de ton corps, la douceur de ta peau, sous ton tee-shirt. J'ai niché ma tête dans ton cou. J'ai senti ton odeur. Et là, j'ai enfin cessé d'être spectatrice de moi-même.

Auteur du courrier: Mon Atalante
Photo: - DR - Auteur Inconnu

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